[Robert Laffont, 2014]
J’ai
découvert Carina Rozenfeld en 2012 avec son dyptique « Phaenix » qui avait su me charmer
par sa dimension musicale. Cette année, j’ai apprécié ses « Sentinelles du futur », un bon
roman de SF pour les jeunes adolescents. J’ai poursuivi ma découverte avec le
premier tome de la « Symphonie des
abysses » qui promettait un univers à part.
Résumé
Sur
un atoll entouré d’un Mur immense, occupé en son centre par un Cercle parfait
d’eau de mer, vivent des populations isolées. Abrielle habite dans un village
de cultivateurs où toute forme de musique est bannie. Pourtant, des chants
vivent en elle et ne demandent qu’à sortir… A l’autre bout de l’atoll, dans une
petite ville, les habitants naissent dépourvus de sexe, ils sont des neutres.
Dans cette ville les sentiments sont interdits. Ce qui n’empêche pas Ca et Sa,
deux neutres à la veille de leur transformation en être sexués, de s’aimer. Des
évènements imprévus les amèneront à tout quitter et à se rencontrer tous les
trois.
Un univers original
Ce
roman a le mérite de proposer un univers original, qui fera voyager le lecteur.
L’atoll présente des paysages variés, des plages de sable fin et des forêts
plus ou moins hospitalières. Les sociétés qui y vivent sont complètement
isolées et n’ont aucune conscience de la présence des autres, à quelques jours
de marche. Tous vivent selon un strict règlement intérieur avec des bases
communes, et des variations locales, et sont encadrés par des gardiens. On se
pose beaucoup de questions sur les origines et l’histoire de l’atoll, ainsi que
sur la fameuse symphonie des abysses. Des questions encore non résolues qui, je
l’espère, trouveront réponse dans le second tome.
La musique et l’amour
En
ce qui concerne l’intrigue, nous découvrons tout d’abord Abrielle dans son
quotidien répétitif, c’est une partie qui comporte quelques longueurs malgré la
plaisante dimension musicale. Sa fuite devient plus intéressante. J’ai été
davantage happée par l’histoire de Ca et Sa et leur belle histoire d’amour, qui
transcende toute question de sexe et de genre, puisqu’ils n’en ont pas. La fin
ouvre de nouvelles perspectives, mais je me demande encore où l’auteure
souhaite nous emmener, la finalité de cette histoire.
Les personnages
En
ce qui concerne les personnages, ma préférence va à Ca et Sa. Les deux neutres
ont des personnalités attachantes et complémentaires. Ca a un côté sombre,
introspectif, qui est illuminé par l’optimisme et la volonté de Sa. Ca a ouvert
la porte aux sentiments, et Sa a triomphé des obstacles. Quant à Abrielle, elle est
un peu moins sympathique, notamment parce qu’elle est centrée sur elle-même et
sur les chants qui couvent en son sein. Mais cela a tout de même été un plaisir
de la voir s’ouvrir et s’épanouir. Quant à Braden, l’ancien ami d’Abrielle, il
ne m’a pas convaincue, il y a trop de revirements de sa part.
L’écriture
La
plume de Carina Rozenfeld est toujours aussi agréable. La formation musicale de
l’auteure se ressent dans son écriture qui est ronde, équilibrée. L’ensemble
est fluide, on ne bute pas. Les descriptions, essentielles pour cet univers,
sont réussies. Il manque peut-être un peu de vivacité pour donner du rythme au
roman, mais je chipote !
En quelques mots…
Ainsi,
j’ai été séduite par l’univers proposé par Carina Rozenfeld, et par la belle
relation de Ca et Sa, mais je me pose encore beaucoup de questions sur la
finalité de cette histoire, auxquelles j’espère trouver réponse dans le second
tome. Néanmoins, j’ai passé un bon moment et la plume est toujours aussi agréable.
A
réserver aux adultes et aux grands ados, pas avant 15/16 ans : il y a dans
ce roman un peu de violence, et une relation assez malsaine entre Abrielle et
le gardien en chef de son village.
Note :
3,5/5
Stellabloggeuse
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« Le
vent cascade le long du Mur, presque en silence. Une brise caresse la surface
de l’eau, la plissant à peine. Le cri des mouettes, tournant là-haut, se mêle
aux rires des enfants. Ce sont les seules musiques autorisées. Les seules notes
qui résonnent dans le village. Le reste n’est que réminiscences… »
« Enfin
la mélodie douce, lente, celle-là même qui semblait provenir des profondeurs du
Cercle, celle qui était plus ancienne que le temps lui-même, qui soufflait
entre les arbres, dans les champs de coton, entre les rochers, celle qui
tombait de la lune à jamais meurtrie, cette mélodie enfermée dans sa poitrine
depuis toujours s’échappa de sa gorge.
Sa voix
était rauque d’avoir été retenue si longtemps. Son cœur se gonflait d’une joie
qu’elle n’aurait pas crue possible au crépuscule de son existence »
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Ce roman fait partie du challenge :
Challenge 100% R : 19e lecture
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