[Buchet Chastel, 2014]
L’année
dernière, j’avais beaucoup aimé le premier roman de Sophie Van Der Linden,
« La fabrique du monde »,
un roman poétique qui dérivait peu à peu dans la folie. J’étais donc très
curieuse de découvrir son second titre, autour de la tragédie de Beslan.
Résumé
Après
une belle dernière journée de vacances, passée dans la forêt en compagnie de
son grand-père, Anushka cavale sur le chemin de l’école avec sa meilleure amie
et la mère de cette dernière. Le grand-père, un peu fatigué, est resté en
arrière au moment de franchir les grilles de l’école. C’était à Beslan, il y a
dix ans…
Le regard d’un enfant
Avec
ce roman, l’auteure se propose de nous faire vivre la prise d’otages de Beslan,
en Ossétie du Sud lors de la rentrée 2004, en adoptant le regard de l’un des
enfants prisonniers. A aucun moment nous n’aurons le point de vue des
terroristes ou des réflexions sur leurs motivations, le propos n’est pas là,
mais dans la réaction d’un enfant face à l’enfermement et à l’affaiblissement
de son corps. Anouchka affronte la peur, la faim, l’envie d’aller aux
toilettes, mais surtout une soif de plus en plus grande qui la laisse exsangue.
Une dimension onirique
Au
fur et à mesure qu’elle s’affaiblit, Anushka laisse dériver ses pensées et nous
ouvre ainsi une porte sur le monde de l’enfance, ses références que l’auteure
connaît bien, étant spécialisée en littérature jeunesse. Elle pense ainsi au
petit cheval bossu et à d’autres contes, ou imagine son grand-père affronter le
danger pour lui apporter à boire. Elle visite ses souvenirs, la dernière chose
qui lui reste et qu’on ne pourra pas lui enlever. Plus son corps s’affaiblit et
plus elle quitte la réalité. Ainsi, de conte en comptines et en ritournelles
qui tournent dans sa tête, la petite fille nous entraîne avec elle dans un
certain onirisme.
Les personnages
Tout
le roman est centré autour du personnage d’Anushka, des personnes qu’elle aime
comme son grand-père et Miléna, et des personnages qui peuplent son imaginaire.
Les terroristes sont à peine présents car Anushka protège ses pensées et ses
souvenirs, ils n’ont pas le droit d’y pénétrer. Elle est une petite fille comme
tant d’autres, avec des joies simples et des préoccupations d’enfant.
L’écriture
Comme
dans le précédent roman de l’auteure, le style est particulier et instaure une
ambiance à part. Les phrases sont parfois très courtes, hachées, et pourtant il
y a quelque chose de poétique. La plume suit les pensées d’Anushka et vagabonde
avec elles, passant parfois du coq à l’âne.
En quelques mots…
Ainsi,
si j’ai préféré le premier roman de l’auteure, celui-ci m’a plu par ses
nombreuses références à l’imaginaire enfantin et par son angle d’approche de la
tragédie de Beslan. La plume est toujours aussi travaillée et l’on n’en ressort
pas tout à fait indemne.
Note :
3,5/5
Stellabloggeuse
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« Il
faut que je dorme. Il faut que je suive l’un des points lumineux du noir qui
n’est pas noir derrière les paupières, que je coure après. Comme dans la Voie
Lactée. Encore. Ce n’est pas pratique cette position, pour chasser les
mauvaises pensées. Si je pouvais me redresser, je les laisserais au sol. Mais
elles font une flaque qui est juste là, sous ma tête. »
« Anushka,
ta richesse, c’est ce que tu as dans la tête, tu comprends. Ce que tu as dans
la tête, personne ne pourra te le voler. Tous tes souvenirs, ils sont à toi,
pour toujours. Tu peux les visiter à chaque instant, où que tu sois, les saisir
à pleine main. Ils font partie de toi, c’est la seule chose qui ne pourra
jamais t’être enlevée.
Je
comprends, Grand-Père, je comprends, maintenant. »
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Ce roman fait partie du challenge :
Challenge ABC 2015 : 2/26
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