samedi 10 janvier 2015

L’incertitude de l’aube, de Sophie Van der Linden : la prise d’otage de Beslan, dans les yeux d’une petite fille


L’année dernière, j’avais beaucoup aimé le premier roman de Sophie Van Der Linden, « La fabrique du monde », un roman poétique qui dérivait peu à peu dans la folie. J’étais donc très curieuse de découvrir son second titre, autour de la tragédie de Beslan.

Résumé

Après une belle dernière journée de vacances, passée dans la forêt en compagnie de son grand-père, Anushka cavale sur le chemin de l’école avec sa meilleure amie et la mère de cette dernière. Le grand-père, un peu fatigué, est resté en arrière au moment de franchir les grilles de l’école. C’était à Beslan, il y a dix ans…

Le regard d’un enfant

Avec ce roman, l’auteure se propose de nous faire vivre la prise d’otages de Beslan, en Ossétie du Sud lors de la rentrée 2004, en adoptant le regard de l’un des enfants prisonniers. A aucun moment nous n’aurons le point de vue des terroristes ou des réflexions sur leurs motivations, le propos n’est pas là, mais dans la réaction d’un enfant face à l’enfermement et à l’affaiblissement de son corps. Anouchka affronte la peur, la faim, l’envie d’aller aux toilettes, mais surtout une soif de plus en plus grande qui la laisse exsangue.

Une dimension onirique

Au fur et à mesure qu’elle s’affaiblit, Anushka laisse dériver ses pensées et nous ouvre ainsi une porte sur le monde de l’enfance, ses références que l’auteure connaît bien, étant spécialisée en littérature jeunesse. Elle pense ainsi au petit cheval bossu et à d’autres contes, ou imagine son grand-père affronter le danger pour lui apporter à boire. Elle visite ses souvenirs, la dernière chose qui lui reste et qu’on ne pourra pas lui enlever. Plus son corps s’affaiblit et plus elle quitte la réalité. Ainsi, de conte en comptines et en ritournelles qui tournent dans sa tête, la petite fille nous entraîne avec elle dans un certain onirisme.

Les personnages

Tout le roman est centré autour du personnage d’Anushka, des personnes qu’elle aime comme son grand-père et Miléna, et des personnages qui peuplent son imaginaire. Les terroristes sont à peine présents car Anushka protège ses pensées et ses souvenirs, ils n’ont pas le droit d’y pénétrer. Elle est une petite fille comme tant d’autres, avec des joies simples et des préoccupations d’enfant.

L’écriture

Comme dans le précédent roman de l’auteure, le style est particulier et instaure une ambiance à part. Les phrases sont parfois très courtes, hachées, et pourtant il y a quelque chose de poétique. La plume suit les pensées d’Anushka et vagabonde avec elles, passant parfois du coq à l’âne.

En quelques mots…

Ainsi, si j’ai préféré le premier roman de l’auteure, celui-ci m’a plu par ses nombreuses références à l’imaginaire enfantin et par son angle d’approche de la tragédie de Beslan. La plume est toujours aussi travaillée et l’on n’en ressort pas tout à fait indemne.

Note : 3,5/5
Stellabloggeuse
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« Il faut que je dorme. Il faut que je suive l’un des points lumineux du noir qui n’est pas noir derrière les paupières, que je coure après. Comme dans la Voie Lactée. Encore. Ce n’est pas pratique cette position, pour chasser les mauvaises pensées. Si je pouvais me redresser, je les laisserais au sol. Mais elles font une flaque qui est juste là, sous ma tête. »

« Anushka, ta richesse, c’est ce que tu as dans la tête, tu comprends. Ce que tu as dans la tête, personne ne pourra te le voler. Tous tes souvenirs, ils sont à toi, pour toujours. Tu peux les visiter à chaque instant, où que tu sois, les saisir à pleine main. Ils font partie de toi, c’est la seule chose qui ne pourra jamais t’être enlevée.

Je comprends, Grand-Père, je comprends, maintenant. »
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Ce roman fait partie du challenge :

Challenge ABC 2015 : 2/26

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