samedi 24 janvier 2015

Le royaume des cercueils suspendus, de Florence Aubry : un roman hors du temps

[Le Rouergue, 2014]

Il est des romans qui vous emportent hors du temps et de la réalité, qui vous emmènent complètement ailleurs. C’est le cas du dernier titre de Florence Aubry, « Le royaume des cercueils suspendus ».

Résumé

Dans un petit village vit une tribu, le peuple Bââ, qui suit des traditions ancestrales. Lorsqu’ils deviennent des hommes, les jeunes garçons déploient leurs ailes lors d’une grande cérémonie. Mais Huang n’en a pas. Considéré comme un imposteur, il est emprisonné dans une grotte à flanc de falaise, et condamné à mourir. Sa fiancée Leï a l’espoir de le sauver tandis que Xiong, son ancien meilleur ami dévoré par la jalousie, aimerait lui faire plus mal encore. Lou-Ki, quatrième membre du groupe et laissée pour compte, essaie maladroitement de tirer les ficelles…

Un roman à part…

Ce roman a le mérite d’être très original. Il nous emmène au sein d’une tribu qui nous rappelle d’anciennes civilisations asiatiques, dont le quotidien est nourri de rites suivis scrupuleusement. Découvrir ces traditions, les légendes anciennes et les divinités de ce peuple nous emmène ailleurs et nous fait voyager. Une toute petite touche de fantastique ajoute au dépaysement.

…des adolescents comme les autres

Mais cette histoire pourrait aussi être vécue par des adolescents d’aujourd’hui. Il y est question de premières amours brûlantes, et de jalousies dévorantes qui ont empoisonné les rapports entre ces jeunes gens qui étaient pourtant d’excellents amis ; à l’aube de leurs vies d’adultes, ils cherchent leur place dans la tribu et les derniers événements auront une importance capitale.
Ainsi, cette histoire nous fait naviguer entre roman initiatique et immersion dans une civilisation et dans ses traditions, en mettant au centre le devenir de Huang.

Les personnages

Huang est adolescent qui a une personnalité douce et sereine. Condamné à mort, il prend tout de même le temps de la réflexion et reste capable d’agir intelligemment. Quant à Leï, elle oscille entre un désespoir dévastateur et un espoir fou, sa vie est comme suspendue durant ces quelques jours. Xiong et Lou-Ki sont dévorés par la jalousie. Mais si le premier est encore capable de discernement, la seconde est complètement aveuglée par des sentiments inventés de toutes pièces. Dernier personnage mis en avant, le père de Huang lève le voile sur les origines du jeune homme, incarnant la culpabilité.

L’écriture

L’écriture de Florence Aubry est très belle, elle participe à l’ambiance particulière du roman. Poétique et exigeante, elle demande la pleine attention du lecteur pour être savourée, sans être non plus hors de portée. Les très courts chapitres incitent le lecteur à lire sans s’arrêter, et les changements de point de vue sont bien utilisés pour nous dévoiler l’histoire dans toute sa complexité.

En quelques mots…

Ainsi, ce titre est très original, entre le roman initiatique et la découverte d’une civilisation ancienne, qui vit selon des traditions profondément ancrée. C’est un roman où l’on prend le temps de décortiquer le quotidien et les rapports entre les quatre adolescents. Il plaira à ceux qui aiment les romans contemplatifs et poétiques. C'est une parenthèse hors du temps, qui vous fera voyager et méditer. Pour les bons lecteurs à partir de 14/15 ans.

Note : 3,5/5
Stellabloggeuse
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« Si je meurs si vite, là, bêtement accroché à la montagne, qui saura, pour les artifices ? Mon père est trop vieux, je suis devenu sa mémoire. Il a déposé depuis longtemps entre mes mains toutes ses connaissances, et rempli de bien d’autres choses la place libérée dans son esprit. Qui saura ébranler, bousculer le ciel à grand coups de gerbes lumineuses, étincelantes, rouges, jaunes, vertes, le soir de la fête de la lune ? »


« Les masses alors s’agitent, vibrent et se déploient. Ce qui ne semblait être que deux amas se révèle être ce qu’ils sont finalement : deux membranes d’une finesse extraordinaire, qui à contre-jour du feu laissent apparaître un réseau de veines bleues fines et délicates. Deux ailes. Ces ailes qui font depuis la nuit des temps de chaque homme du village un Bââ. »

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Ce roman fait partie du challenge :


Challenge ABC 2015 : 3/26

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