mercredi 3 juin 2015

Et je danse, aussi, d’Anne-Laure Bondoux et Jean-Claude Mourlevat : drôle et touchant

[Fleuve, 2015]

De Mourlevat, j’ai lu et beaucoup aimé « Le combat d’hiver », « Terrienne » et "Silhouette". D’Anne-Laure Bondoux, j’ai beaucoup entendu de bien, mais je n'ai pas encore vraiment pris le temps de la lire, mis à part quelques titres de l’Ecole des loisirs il y a bien longtemps… Aussi, l’idée de voir ces deux auteurs réunis dans un roman épistolaire m’a beaucoup plue !

Résumé

Pierre-Marie, un écrivain célèbre en panne d’inspiration, reçoit un jour une épaisse enveloppe de la part d’Adeline Parmelan. Pensant qu’il s’agit d’un manuscrit, il refuse de l’ouvrir mais envoie un mail à son expéditrice. Une correspondance s’engage alors, presque à leur insu, où ils retracent des brides de leur existence comme on rassemblerait des poussins égarés. Une authentique affection s’installe entre eux, mais le paquet n’a pas encore livré son terrible secret…

Un début un peu rapide

Au tout début de ma lecture, j’ai éprouvé un certain malaise à la lecture des premières lettres. En effet, pour moi, l’échange s’instaurait trop rapidement, les deux protagonistes commençaient un peu trop vite à se livre, surtout Pierre-Marie pour qui cela marquait un fort contraste avec son refus du début. Néanmoins je suis entrée dedans assez rapidement, et j’ai commencé à croire à l’histoire de ces deux personnages. Ils nous racontent l’histoire d’un écrivain confronté à la page blanche, patriarche d’une vaste tribu, et d’une femme qui manque terriblement de confiance en elle et que la vie n’a pas épargnée.

Un roman moins léger qu’il n’en a l’air

La première moitié du roman est assez légère, marquée par l’humour des deux correspondants (certaines scènes sont même assez tordantes), et par les bons mots dont ils nous régalent. Mais peu à peu se dessine un secret, une révélation qui menace leur amitié et jette un nouvel éclairage sur tout ce qui a été lu précédemment. Ainsi, ce roman est plus profond qu’il n’en a l’air. En approchant de la fin, la légèreté laisse d’ailleurs de plus en plus la place à l’émotion, et j’ai été touchée par la conclusion du roman.

Les personnages

Les personnages font la force de ce roman. Adeline est très attachante, de par son manque de confiance en elle mais aussi sa grande sensibilité. Malgré sa relative solitude elle est extrêmement vivante, et on aimerait la connaître. Pierre Marie est un peu moins sympathique, il est parfois un peu vaniteux ou donneur de leçons, mais on lui pardonne assez volontiers. Le tandem fonctionne bien, et c’est là l’essentiel. Quelques autres personnages apportent leur grain de sel : Max et Josie, les meilleurs amis de Pierre Marie, son éditeur Olivier, ou le « bulldozer » Lisbeth.

L’écriture

Autre point fort du roman : le style. Chacun de ces deux auteurs possède une belle plume qui nous régale par leurs tournures de phrases, leur sensibilité et leur humour. Le format du mail les oblige à une certaine simplicité, à aller à l’essentiel, mais ils parviennent néanmoins à déployer tout leur talent.

En quelques mots…

Ainsi, ce roman est une bonne surprise, à la fois rafraîchissant par son humour et moins léger qu’il n’en a l’air, et même touchant, sur la fin. Il est porté par des personnages attachants qui forment un tandem de choc, et par deux des plus belles plumes francophones. Que demander de plus ?

Note : 4/5
Stellabloggeuse
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« La fête des cœurs et des corps. Ça dure ce que ça dure. Et puis les couleurs pâlissent, les lignes claires se brouillent. Viennent les malentendus, le doute, le ressentiment (j’ai failli mettre ici des points de suspension, je me suis rattrapé de justesse). J’ai l’impression de vivre tout cela avec vous, en virtuel et en accéléré, mais avec toutes les nuances du processus, par exemple celle-ci : en vous écrivant à l’instant, je fais comme si tout allait bien, de la même façon que les couples qui se séparent jouent, le temps d’un répit, sur l’oreiller ou non, la comédie de leur amour fini. Leur été indien. Encore une fois. Une dernière fois. Ils y ajoutent juste leurs larmes. »

« Je vous envoie quelques grains de sel d’Oléron, Pierre-Marie : de celui que l’on trouve au bord des marais, mais aussi au bord des paupières, certains soirs, quand la lumière du couchant enveloppe les choses d’une douceur insupportable. »

7 commentaires:

  1. Coucou ! Rien que le titre m'attire, et malgré le bémol que tu poses concernant les personnages qui se dévoilent un peu vite, j'ai tout de même envie de le découvrir. Je note :p

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    1. C'est un petit bémol, une fois passée l'impression étrange du début j'étais vraiment dedans. J'ai beaucoup souri, et j'ai été touchée aussi :)

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  2. Bon et bien, ton billet me donne envie de le découvrir ! Je pense que je vais succomber à la tentation :D
    Des bisous, Stella <3

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    1. Comme c'est toi qui m'a permis de découvrir ce titre grâce à ton concours, on peut dire que la boucle est bouclée ;p C'est un livre qui fait sourire, et qui a su me toucher par moment. Je pense qu'il peut te plaire. Gros bisous et merci encore!

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  3. J'ai un bon souvenir des livres d'Anne Laure Bondoux. C'est un jeunesse ou pas ?

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    1. Non, c'est un livre adulte, les personnages ont la quarantaine et la cinquantaine

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    2. ca y est je l'ai lu et j'ai beaucoup aimé! c'est vrai qu'il est plus profond qu'il en a l'air !
      Adeline m'a beaucoup touché, car malgré ce qu'elle a pu traverser on ressent une grande joie de vivre.

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