mercredi 7 mars 2012

Paris Inch’Allah !, de Kamel Hajaji : une volonté de fer à la poursuite d’un rêve

[Sarbacane, mars 2012]

Me voici avec le dernier né de la collection eXprim’ (éditions Sarbacane) ! En effet, aujourd’hui 7 mars sortent en librairie Paris Inch’Allah de Kamel Hajaji, ainsi que l’Enfant nucléaire de Daph Nobody (que je chroniquerai ultérieurement).

Dans son second roman paru dans la collection (après « Fuck you New York »), Kamel Hajaji met en scène Mohamed, d’abord petit garçon des quartiers pauvres de Tunis. Il vit seul avec sa mère qui l’élève durement, allant jusqu’à le battre et par le mettre à la rue un beau matin, afin de l’endurcir pour réussir dans la vie. Et Mohamed lui en fait la promesse. Un jour, c’est décidé, il reviendra voir sa mère, auréolé de réussite, il lui prouvera qu’il est capable de s’en sortir. Pour survivre, Mohamed suit son instinct et fait preuve d’une volonté immense. D’abord cireur de chaussure, puis domestique, il a un rêve en ligne de mire : Paris, pour accomplir enfin le rêve de son père.

J’ai beaucoup aimé ce roman, et pourtant, ce n’est jamais facile d’enchaîner après un coup de cœur (Hunger Games m’ayant fait succomber la semaine dernière). Mais je me suis facilement attachée à Mohamed, ce petit garçon qui n’a été épargné ni par la vie ni par sa mère.

Comme le souhaitait cette dernière, il devient un jeune homme de plus en plus dur, à mesure que croissent son instinct et survie et sa volonté de réussite. Sans jamais oublier ses valeurs, il en vient à leur faire des entorses, à se montrer pragmatique. Mohamed aurait pu oublier qui il était en chemin, mais il n’en est rien : il reste ce petit garçon voulant à tout prix plaire à sa mère, mériter son amour. En cela, c’est un personnage attachant. En revanche, ce qui peut parfois faire grincer des dents, c’est son mépris des autres pauvres, de ceux qui sont plus faibles que lui. Mais nous comprenons peu à peu que derrière ce cynisme se cache une peur, celle de finir comme eux.

Du côté de l’histoire, j’ai bien aimé l’aspect « parcours », « roman initiatique » de cette histoire. On suit en effet Mohamed au fil de ses pérégrinations à Tunis et ailleurs, en découvrant par petits morceaux cette ville rongée par la pauvreté, où les immeubles délabrés et la misère se trouvent à quelques maisons des somptueuses villas. Mohamed ne croit pas que les politiques puissent changer quelque chose à sa situation, ce ne sont pour lui que des corrompus, et il préfère ne compter que sur lui seul.

Quant au style d’écriture, il est direct et efficace, il amène le lecteur à tourner les pages, rapidement, à quérir la suite de l’histoire. L’auteur réussit à nous faire entrer dans la tête de Mohamed et à nous faire partager son rêve. Je n’ai qu’un regret, c’est que l’histoire se passe un peu vite, on passe rapidement sur certains évènements, on saute rapidement de l’un à l’autre. On voudrait parfois en savoir un peu plus.

Néanmoins, c’est un bon moment de lecture à passer, et si vous voulez découvrir ce titre, vous le trouverez dès aujourd’hui dans toutes les bonnes librairies !

Note : 3,5/5 

Stellabloggeuse
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 « Ici. Au cœur de ce quartier pauvre de Tunis. Où je vis. Au cœur de ces maisons pas finies en briques beiges, écorchées de gris. Au cœur de ces toits traversés de pics de fer qui attendent d’improbables constructions du premier étage. Au cœur de ces fenêtres à vieilles persiennes brunes et de ces portes rondelettes cabossées de mosaïque noire. Où je vis. Au cœur de ces palmiers immortels plantés dans le sol divaguant, pimenté de gravillons et de racines peintes à la chaux. Au cœur de cette médina bercée par le souk aux devantures en toile décorées de teintes vives qui se superposent comme un arc en ciel. Au cœur de ses rues ensablées qui se croisent ainsi que dans un labyrinthe…où je vis. Moi, Mohamed. L’enfant de la maison la plus mal fichue des alentours. Celle du rez-de-chaussée, là où la lumière passe mal. A l’ombre de la vie. »

4 commentaires:

  1. Là je craque :p comme tu le dis, le roman initiatique m'attire toujours ! Hop je le rajoute. J'avais déjà noté l'enfant nucléaire.
    Merci à toi :D

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    1. :D Il me fait un peu peur à moi "L'enfant nucléaire", le thème ne m'attire pas spontanément et il est épais...mais puisque je l'ai reçu, ce sera l'occasion de repousser mes limites et faire une découverte !

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  2. Je crois que ce livre me plairait, je note !

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