samedi 5 mai 2012

Premier amour : un conte gothique, de Joyce Carol Oates : un roman dérangeant et difficile à qualifier

[Actes Sud, 1998]

Voilà un livre dont il ne va pas être facile de parler ! Tout d’abord parce qu’il est très court, et ensuite parce que son auteur, Joyce Carol Oates, est connue pour ces récits dérangeants, sur lesquels il est difficile de plaquer un ressenti. Néanmoins, dans la cadre du challenge ABC 2012, je souhaitais faire connaissance avec cette auteure. J’ai donc choisi ce titre (illustré en noir et blanc par Barry Moser) pour sa petite taille, pour des débuts en douceurs.

Résumé 

Dans ce roman, Joyce Carol Oates met en scène une jeune fille, presqu’encore une enfant (elle a 11 ans) du nom de Josie. Avec sa mère, elles quittent brutalement le foyer familial pour s’installer chez la grand-tante de Josie. Dans sa maison se trouve aussi Jared, le cousin de Josie. Agé de 25 ans, étudiant en théologie, le jeune homme fascine Josie et une relation trouble se tisse entre eux.

Avis général

Le premier mot qui me vient à l’esprit pour qualifier cette lecture, c’est « dérangeant ». En effet, on est en plein dans l’immoralité avec ce texte : nous sommes face à une relation « interdite » entre une enfant et un jeune adulte, associée à de l’intimidation, des violences physiques. A moins que tout cela ne soit un conte symbolique dont le sens m’échappe, car l’auteure ne livre pas vraiment de clé de compréhension de son œuvre.

Religion et fanatisme

La religion est assez présente dans ce texte, il y a notamment un certain nombre de références bibliques, dont la plus évidente est le serpent. Joyce Carol Oates aborde également la folie religieuse : Jared est une sorte d’illuminé, persuadé d’être investi d’une mission divine dont lui seul a conscience et dont il fait de Josie le bras armé.

Des relations familiales complexes

En arrière-plan de ce conte, le thème de la famille est présent. La mère de Josie est un personnage complexe, prise entre son rôle de mère, sa vie de femme, et la volonté qu’elle a de préparer sa fille à affronter la vie en ne la ménageant pas. C’est intéressant, mais j’ai néanmoins trouvé ces dialogues mère-fille artificiels, j’avais du mal à m’imaginer qu’ils puissent avoir lieu dans la réalité.

Le passage vers l’âge adulte

Au final, ce qui se cache peut-être derrière ce texte, c’est un récit initiatique, un parcours qui mène Josie de l’enfance à l’entrée du monde des adultes en affrontant la peur. Il y a, me semble-t-il, l’idée que cette peur est salvatrice : en la reconnaissant et en l’affrontant, Josie peut avancer dans la vie et rester sur le « droit chemin ».

En quelques mots

C’est un récit qui me laisse perplexe, et je regrette de ne pas pouvoir mieux le comprendre, même si je décèle un message sur la peur et la manière de l’affronter.

Note : 2,5/5
Stellabloggeuse
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Ce roman fait partie du challenge :

Challenge ABC 2012 : 13/26

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“Tu ne voulais pas appeler cela de l’amour, tu l’appellerais autrement, d’un autre mot, d’un autre nom. Fermant les yeux au point d’en être parfois étourdie, d’en avoir le vertige. Au point d’en éprouver une excitation, un effroi aux limites du supportable. Et je le revois, mon cousin Jared Jr. Tant d’années plus tard. Je vois une flamme verticale, une silhouette, pas une personne. Si je m’efforce de me remémorer son visage, le son de sa voix et, au creux de mon ventre, cette sensation d’une clef tournant dans une serrure sitôt qu’il me touchait, je perds tout.”

4 commentaires:

  1. J'ai un peu de mal à saisir.
    Tu n'as pas compris le message, mais tu parles de récit initiatique.
    Donc il y a bien un message ?
    En tout cas, je ne connais pas vraiment cet auteur, mais si c'est un début en douceur, faut pas demander la teneur de ces autres oeuvres. ^^
    Tu penses en lire d'autres ?

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    1. Disons que le message n'est pas facile à décoder. J'ai eu l'impression qu'il y avait beaucoup de symboles, mais sans pouvoir saisir leur signification. Je n'ai pas réussi à trancher entre un récit délibérément amoral ou un récit initiatique. Finalement j'ai décidé de le prendre comme une symbolique du passage à l'âge adulte, mais il y a sûrement d'autres interprétations...

      Mais en effet c'est une auteure réputée pour avoir un style très particulier et des histoires souvent dérangeantes. Il y avait deux autres titres qui me tentaient : "Délicieuses pourritures" (que Plume de Cajou avait beaucoup aimé) et "Petite soeur mon amour" (que Bazar de la littérature n'a pas réussi à terminer...). Mais en tout cas, ce ne sera pas pour tout de suite, j'ai plein de titres très alléchants dans ma PAL ;)

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  2. Je veux aussi découvrir Joyce Carol Oates mais j'ai envie de dire que à 11 ans, c'est tout de même tôt pour apprendre à mener une vie d'adulte, non ? En tout cas, oui, je te sens un peu "perdue" face à ce livre. Ca me donne envie de le lire d'ailleurs :p

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    1. Au moins, celui-là se lit vite :p (parce que sinon, elle a aussi écrit des pavés de 1000 pages...)

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