mardi 22 avril 2014

Arcadia L’Intégrale, de Fabrice Colin : complexe et envoûtant

[Bragelonne, 2014]

On continue avec Fabrice Colin ! Souvenez-vous, ces dernières semaines, je vous avais présenté Blue Jay Way, un polar au vitriol en plein LA, Passeurs de mort, un roman fantastique d’aventure destiné aux adolescents et Ta mort sera la mienne, un thriller haletant. Je vous rappelle également que Bookenstock consacre son mois d'avril à cet auteur, allez voir, c'est très intéressant. Aujourd’hui, je vous propose mon avis sur Arcadia, soit la réédition par Bragelonne de deux romans de jeunesse de l’auteur qui se suivent l’un et l’autre.

Résumé

A Londres, en 1872, dans le monde d’Arcadia, le quotidien est baigné de magie et les artistes sont au pouvoir. Le futur et la mort sont absents des mentalités. On s’apprête à couronner la reine, lorsque d’étranges présages surviennent. A Paris, en 2012, en Ternemonde, chacun se prépare à la fin du monde. 4 personnalités transcendent ces deux mondes et ont une mission : permettre leur réunification pour enrayer la Chute.

Un Ovni fantasy aux inspirations multiples

Il est difficile de parler de ce roman, j’ai déjà eu du mal à vous proposer un résumé ! A mon sens « Arcadia » est un OVNI, peut-être le roman le plus original que j’ai jamais lu. Il tient à la fois de la fantasy avec des mondes imaginaires, et du steampunk. Nous sommes en présence de deux mondes qui s’imbriquent, Arcadia et Ternemonde. Au cœur d’Arcadia, vous avez Camelot et les légendes arthuriennes. Le Pays des merveilles de Lewis Caroll est également impliqué. Les références artistiques, poétiques, historiques et littéraires fourmillent, formant un canevas qu’il n’est pas toujours aisé de démêler.

Aussi, pour apprécier pleinement « Arcadia », il faut accepter de ne pas tout comprendre, de ne pas tout maîtriser, et de se laisser porter par le cours des évènements, comme si nous étions l’un des personnages. Il faut simplement profiter de la richesse de ce monde, se régaler de l’écriture. N’attendez pas de ce roman une narration clairement défini. Comme le dit l’auteur dans une préface très intéressante, « Arcadia » est avant tout « une fenêtre ouverte sur un monde » où le rêve et la magie occupent une place cruciale. Profitez du voyage, et n’attachez pas vos ceintures !

Les personnages

Les personnages de ce roman sont très nombreux, et les artistes et auteurs de la seconde partie du XIXe siècle sont mis à l’honneur (mais pas seulement, puisque John Keats est aussi très présent). Néanmoins, la part belle est faite à 4 préraphaélites : le peintre Rossetti, sa muse Jane Burden, le mari de cette dernière William Morris, un maître des arts décoratifs, et le poète Swinburne. Ces personnalités s’incarnent à la fois sur Ternemonde et en Arcadia. Comme souvent avec les personnages de Fabrice Colin, ils ne sont pas particulièrement attachants, mais ce n’est pas très important. Ce qui importe ici, c’est véritablement l’univers proposé.

L’écriture

Si vous me suivez régulièrement, vous savez déjà que je suis une addicte du style de Fabrice Colin. Ce roman ne fait pas exception à la règle, bien au contraire, puisque je me suis tout simplement régalée à le lire. Souvent, je me suis surprise à relire plusieurs fois certaines phrases pour bien m’en imprégner. L’écriture participe à l’ambiance magique du roman et aide à nous plonger dans cet autre monde.

En quelques mots…

Ainsi, Arcadia est un OVNI fantasy/steampunk qui a su m’embarquer. C’est un roman complexe et exigeant, qui se lit doucement, à petite dose, en faisant fonctionner son cerveau et son imagination. C’est un livre qui se déguste, qui vous régale par son imagination et ses multiples références. C’est une fenêtre ouverte sur un monde, et un hommage aux artistes de tous genres, à l’immortalité de certaines œuvres : « Ils n’arrêteront d’être vrais que lorsque vous cesserez d’être fous ».

Note : 4,5/5
Stellabloggeuse

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« Les médias, les entreprises, le sport, les travailleurs, les forces de l’ordre, les services, les hôpitaux, les enseignants, les enseignés, tout ce qui formait l’ossature de la société a disparu. Ce qui nous reste ? Une poignée de survivants incapables de comprendre ce qu’ils font là, incapables de savoir s’ils ont été choisis, sélectionnés, élus par quelque chose ou par quelqu’un, ou si tout n’a été en définitive que le fruit du plus complet hasard. »

« Partout, l’impossible trouve à paraître : dans ces places submergées, saturées d’abandon et d’oubli, où l’eau vient s’enrouler en tourbillons de mercure, dans ces musées voués au dieu silence où les toiles s’effacent et coulent le long des murs, dans ces églises noyées de ténèbres où des Christ aux paupières tressautantes s’abîment entre les travées noires où flottent les débris de la croix, dans ces esquifs pour refuges et berceaux où des nouveau-nés regardent les rêves défunts de leurs parents plus morts encore s’inscrire au plafond arabesques troubles, dans ces baignoires trop pâles où le sang de la langueur bouillonne et envahit l’entière et pleine demeure, dans ces livres flottant ouverts où les mots, détachés, frissonnent et permutent pour écrire des histoires d’une impassible cruauté […] »

« Lethe ! Serpent d’eau sombre à la peau bleutée, gorgé de souvenirs et de rêves, où viennent à la nuit tombée s’abreuver les âmes de Ternemonde… Un soir, elles y restent à jamais. Ce soir-là s’appelle la mort. »

8 commentaires:

  1. Celui là, il me tente beaucoup !!

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    1. Il est vraiment particulier et original, pour ma part j'ai complètement adhéré :) L'imagination débordante et les multiples références artistiques et littéraires m'ont beaucoup plues. Bonne lecture si tu te lances, n'hésite pas à revenir me dire ce que tu en penses!

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  2. Bon, bon, bon. ça arrange pas du tout mes affaires. Je voulais l'acheter sur Gibert Jo rien pour la collection Cuivre de chez Bragelone. Mais je m'étais décidée à ne pas le prendre... et paf toi tu lui mets 18/20. QU'est-ce que tu veux que je fasses après ?
    ;)

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    1. Mon 18/20 ne veut pas dire que tu vas forcément l'aimer, car c'est un roman très particulier. Il y a un côté steampunk, un côté légende arthurienne, plusieurs mondes, beaucoup de références, et le tout est bien complexe, la narration n'a rien de linéaire. Cela peut soit t'éblouir et te réjouir (comme moi), soit te perdre ;) Perso j'avais mis une alerte occasion sur le site de Gibert, et je l'ai eu pour 16 €. Sinon je peux aussi te le prêter, quand la rencontre avec Fabrice Colin à ma bib sera passée (17 mai pour rappel) :D

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    2. Ah mais tu m'interesses de plus en plus ! Je t'ai envoyé un mailsur LA ;)

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  3. Une chronique qui me le fait vite entrer dans ma wish ^^

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    1. Ce roman est vraiment un OVNI et il est très dense, très riche. Il te plaira si tu aimes la fantasy, le steampunk, et si tu n'as pas besoin de tout comprendre et tout maîtriser lorsque tu lis ;)

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