samedi 19 avril 2014

Le miroir brisé, de Jonathan Coe : Et si les rêves avaient le pouvoir de changer le monde ?


Me revoilà avec un titre de mon très cher Jonathan Coe, dont j’ai récemment apprécié le jouissif « Expo 58 ». Ce titre, paru en 2014, est le premier à être publié dans une collection dédiée à la jeunesse, bien que l’auteur estime qu’il s’adresse à tous les publics. Ma copinaute Quel Bookan, qui partage mon amour de Coe, me l’a gentiment prêté et je n’ai pas pu m’empêcher de l’ouvrir dans la semaine qui a suivi !

Résumé

Alors qu’elle s’introduit dans la décharge qui se trouve non loin de chez elle, la jeune Claire trouve un étrange fragment de miroir en forme d’étoile. Lorsqu’elle regarde dans ce miroir, elle entrevoit un monde plus beau. A-t-il sa volonté propre, ou est-il nourri de son imaginaire, de ses rêves d’un monde meilleur ?

Un conte moderne

L’auteur nous offre ici un véritable conte moderne. Au centre, un élément magique, le fragment de miroir. On y retrouve des « classiques » du conte, notamment des personnages de « méchants », et des épreuves traversées par Claire au fil des années. Et pourtant, le récit est fortement ancré dans notre réalité. Jonathan Coe en profite pour aborder certains problèmes sociaux de l’Angleterre (comme s’il pouvait s’en empêcher !) : la fermeture des services publics, notamment les hôpitaux et bibliothèques, la facilité avec laquelle certains perdent tout et se retrouvent dans la rue, la puissance des plus riches…

Une ambiance onirique

Une belle ambiance onirique imprègne tout le conte, renforcée par les illustrations de Chiara Coccorese, très colorées et légèrement surréalistes, que j’ai beaucoup appréciées. En effet, le rêve a toute sa place dans cette histoire, le rêve d’un monde meilleur. Le monde rêvé par Claire, d’abord extraordinaire et loufoque, évolue peu à peu alors qu’elle gagne en maturité. Ainsi, c’est un rêve collectif que nous propose Jonathan Coe, pour ramener un peu de douceur et d’humanité dans ce monde.

Les personnages

Claire est une jeune fille sympathique, que l’on prend plaisir à suivre et à voir évoluer. Elle est humaine, a le sens de la justice et sait parfois se remettre en question. Les autres personnages ne sont qu’effleurés mais, évidemment, on déteste très fort la vilaine Amanda !

L’écriture

L’écriture de Coe se fait ici un peu plus lisse, plus universelle, adaptée à un conte. On se laisse porter, il n’y a pas d’obstacle et les descriptions nous permettent de partager les visions de Claire.

En quelques mots…

Ainsi, avec ce court texte (110 pages), Jonathan Coe nous offre un beau conte moderne, emplid’onirisme et joliment illustré par Chiara Coccorese. Il pointe certains travers de notre société actuelle et nous invite à rêver d’un monde meilleur. Si vous avez envie d’une heure d’évasion et que vous avez gardé une âme d’enfant, je ne peux que vous le conseiller !

Note : 3,5/5

Stellabloggeuse

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« Le fragment tenu précautionneusement entre le pouce et l’index, elle remonta le talus tant bien que mal et trouva un coin pour s’asseoir. Elle posa l’objet à plat dans sa paume et le regarda de plus près. En se penchant, elle vit se refléter son propre visage, pâlot, avec ses taches de rousseur et son expression perplexe, puis derrière, le bleu du ciel qui lui sembla l’une des choses les plus belles qu’elle ait jamais vues. Elle se perdait dans les profondeurs du miroir, émerveillée par la richesse de cette couleur, dans un état de rêve éveillé, lorsqu’une ou deux gouttes tombèrent sur sa surface, et la ramenèrent à la réalité. »


« Au cours de ces deux ans, Claire eut le temps de s’habituer à ce que le miroir fasse partie de sa vie. Elle en arriva à croire qu’elle n’aurait jamais accès au monde qu’il lui faisait voir – ce monde tellement plus éclatant, plus coloré, plus magnifique que le sien. Elle était déçue, bien sûr, mais elle en acceptait maintenant l’idée. Que faire d’autre, d’ailleurs ? En attendant, elle s’estimait heureuse d’avoir le privilège et le plaisir – secret – de pouvoir y plonger les yeux quand bon lui semblait. Elle le rangeait, enveloppé avec soin d’un morceau de velours vert, dans le tiroir de sa table de chevet. »

2 commentaires:

  1. Je suis contente qu'il t'ait plu. Le thème, les personnages et le style de Coe ont l'air d'être au rendez vous dans ce titre jeunesse comme ils le sont dans ses romans adultes.

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    1. Merci pour le prêt :) Je le mets quand même à part dans l'oeuvre de Coe, le ton n'est pas le même, il s'est vraiment glissé dans le code du conte. Mais on retrouve ses sujets de préoccupation habituels.

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