samedi 11 octobre 2014

Au revoir là-haut, de Pierre Lemaitre : le désarroi des vétérans de la Grande Guerre

[Albin Michel, 2013]

Depuis sa sortie, ce titre de Pierre Lemaître, qui a reçu le prix Goncourt 2013, m’a intriguée. Aussi, lorsque l’occasion s’est présentée de le lire pour un club de lecture, je me suis lancée, mais cela n’e s'est pas passé comme je l’imaginais…

Résumé

Albert Maillard et Edouard Péricourt sont deux survivants de la Première Guerre Mondiale, et ce à plus d’un titre puisque leur supérieur, le lieutenant Pradelle, a tenté de les assassiner sur le champ de bataille. Et maintenant ? L’un maladivement timide et renfermé, l’autre gueule cassée sans perspective d’avenir, la patrie reconnaissante les a bien vite abandonnés, plus prompte à célébrer les morts que les vivants. C’est alors que vient à Edouard l’idée d’une arnaque profondément immorale…

Un manque d’implication

J’ai mis beaucoup de temps à entrer dans ce roman que j’ai lu en plusieurs fois, avec des pauses pouvant durer une quinzaine de jours. La première partie a été particulièrement laborieuse. Pourtant, le roman n’est pas inintéressant, loin de là, c’est une vision intelligente de la situation des soldats après la guerre, eux qui ont perdu leur raison d’être et leur place dans la société. Il me semble que je n’ai tout simplement pas adhéré à la manière dont l’auteur raconte son histoire, en restant un peu extérieur, en spectateur, sans s’impliquer vraiment. Ainsi, je n’ai pas réussi à investir émotionnellement cette histoire.

Une seconde partie plus réussie

Néanmoins, j’ai trouvé la seconde partie du roman plus addictive et plus vivante. On entre enfin dans le vif du sujet, avec l’arnaque. Les pièces du puzzle s’assemblent peu à peu et l’étau se resserre autour des personnages, le tout régulièrement agrémenté d’un humour noir que j’ai apprécié. On est davantage dans la satire, et c'est assez réjouissant. Cependant, après les longueurs du début du roman, j’ai trouvé que la fin était au contraire un peu rapide. On peut tout de même s’en satisfaire, et imaginer le destin de chacun avec les quelques éléments fournis par l’auteur.

Les personnages

Je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages, à commencer par Albert, cet homme craintif, voire couard, et manquant cruellement d’initiative. Edouard l’artiste fantasque m’a un peu plus intéressée, mais on ne rentre pas suffisamment dans sa psychologie pour éprouver de l’affection. En revanche j’ai trouvé le personnage de « méchant » de Henri d’Aulnay-Pradelle assez réussi, réjouissant.

L’écriture

En ce qui concerne le style, les qualités littéraires sont là, aucun doute là-dessus, sans être exceptionnelles non plus. Les descriptions sont bien menées et l’auteur fait planer sur son roman une atmosphère tantôt sombre, tantôt burlesque, le ton est grinçant. Mon seul regret, encore une fois, c’est le manque d’émotion, ce roman est écrit avec force détails mais sans empathie.

En quelques mots…

Ainsi, je ressors globalement déçue de cette lecture, même si le roman est intéressant et que le style est bon. Je n’ai pas réussi à entrer dans l’histoire et à m’y impliquer, j’ai ressenti des longueurs. La deuxième partie m’a davantage plu, même si le final est quant à lui un peu rapide. C’est donc un bon roman historique, mais il manque pour moi quelque chose qui le rendrait plus humain. Je pense tout de même tenter de lire l’un des romans policiers de l’auteur, qui ont l’air excellents.

Note : 3/5
Stellabloggeuse
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« Il revoyait Pradelle lui foncer dessus sur le champ de bataille et ressentait presque physiquement la manière dont le trou d’obus l’avait, en quelque sorte, aspiré. Il lui était néanmoins difficile de se concentrer longtemps, de réfléchir, comme si son esprit n’était pas encore parvenu à retrouver sa vitesse de croisière. Toutefois, peu après son retour à la vie, les mots lui vinrent : on avait essayé de le tuer. L’expression sonnait bizarrement, mais elle ne semblait pas déraisonnable ; somme toute, une guerre mondiale, ça n’était jamais qu’une tentative de meurtre généralisée à un continent. Sauf que cette tentative-là lui avait été personnellement destinée. »


« En le tenant contre lui, Albert se dit que pendant toute la guerre, comme tout le monde, Edouard n’a pensé qu’à survivre, et à présent que la guerre est terminée et qu’il est vivant, voilà qu’il ne pense plus qu’à disparaître. Si même les survivants n’ont plus d’autre ambition de de mourir, quel gâchis… »

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