vendredi 15 juillet 2016

Songe à la douceur, de Clémentine Beauvais

Editeur : Sarbacane
Année : 2016
Pagination : 237 p.
Public visé : Ado-adultes, à partir de 17 ans


Résumé :
Quand Tatiana rencontre Eugène, elle a 14 ans, il en a 17 ; c'est l'été, et il n'a rien d'autre à faire que de lui parler. Il est sûr de lui, charmant et plein d'ennui, et elle timide, idéaliste et romantique. Inévitablement, elle tombe amoureuse, et lui, semblerait-il, aussi. Alors elle lui écrit une lettre ; il la rejette, pour de mauvaises raisons peut-être. Et puis un drame les sépare pour de bon. Dix ans plus tard, ils se retrouvent par hasard. Tatiana s'est affirmée, elle est mûre et confiante ; Eugène s'aperçoit, maintenant, qu'il ne peut plus vivre loin d'elle. Mais est-ce qu'elle veut encore de lui ?
Songe à la douceur, c'est l'histoire de ces deux histoires d'amour absolu et déphasé - l'un adolescent, l'autre jeune adulte - et de ce que dix ans, à ce moment-là d'une vie, peuvent changer. Une double histoire d'amour inspirée des deux Eugène Onéguine de Pouchkine et de Tchaïkovski - et donc écrite en vers, pour en garder la poésie.

Ce que j’en pense :
Cette histoire d’amour en vers est à priori un véritable ovni, un roman inspiré d’opéras russes. Et pourtant, preuve ultime de maîtrise et de talent, on ne voit pas les ficelles, on oublie très vite les effets de style et de mise en page, pour plonger dans cette histoire et tourner les pages avec fluidité.
La clé de ce tour de force de Clémentine Beauvais, c’est de ne pas avoir enfermé son histoire dans un carcan trop rigide – elle ne recherche pas systématiquement la rime, ou l’équilibre parfait des phrases. Ainsi, elle laisse parler les sentiments tout en donnant à son roman une belle poésie.
L’amour est au cœur du roman, vécu de différentes façons : idéal à vivre pleinement, promesse d’ennui, obsession, frein à l’accomplissement individuel et personnel, magnifique et effrayante surprise… On en retrouve tous les délices et tous les paradoxes. Le roman a également l’intérêt de mettre en parallèle un amour d’adolescence et un autre plus adulte, avec une intéressante évolution des personnages.
En revanche, il me semble que pour apprécier pleinement l’histoire et les émotions qu’elle véhicule, il faut avoir vécu amour et désillusions, il faut avoir – déjà – perdu un peu de sa jeunesse. Aussi, je ne recommanderais pas ce roman avant 17 ans, et il me semble que c’est ma génération – celle des 20-30 ans – qui est la plus à même d’en apprécier toute la saveur.
Ainsi, Clémentine Beauvais réussit à nous offrir une romance pleine de sentiments mais jamais guimauve, jamais écœurante, source d’intéressantes réflexions. Comme avec « Les petites reines » que j’avais adoré (et encore, le mot est faible), elle nous emmène hors des sentiers battus et de l’attendu.
Encore un peu de patience, vous trouverez « Songe à la douceur » en librairie à partir du 24 août !

Les + : les réflexions, la poésie
Les - : r.a.s
Appréciation : 4/5

Stellabloggeuse
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« et je suis sûre que parmi vous,
il y en a qui pensent,
parfois à des amours gâchées
il y a deux, trois ou dix ans.
Ce n’est pas pire après dix ans,
ça n’augmente pas nécessairement avec le temps,
ce n’est pas
un investissement,
le regret. »

« on peut pas faire l’amour debout quand on est amoureux,
ça va pas ou quoi, la verticalité ne va plus de soi,
quant on est amoureux,
quand quelqu’un est allé nous voler dans notre ventre
le centre de gravité qu’on y gardait. »

« Qu’est-ce que je vais faire quand je me réveillerai sans ma jeunesse,
avec dix mille ans de plus et pas plus d’expérience – pas plus d’intelligence,
parce que l’ennui, c’est pas une sagesse »

5 commentaires:

  1. Ce livre a l'air vraiment sympa mais je ne sais pas si j'arriverais à me faire au vers. Mais pourquoi pas essayer :)

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    1. Honnêtement, assez rapidement je n'y ai plus fait attention. La mise en page est particulière, mais la lecture est fluide

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  2. Je viens de le finir, et du coup je suis venue relire ton avis, que je partage. Un ovni est vraiment le mot pour décrire ce livre. La beauté de certains passages m'a beaucoup émue et la narratrice bien caustique m'a beaucoup plu. :D Ça donne envie de découvrir Les petites reines :) Bisous !

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    1. Oui, j'aime beaucoup la manière qu'a Clémentine de toujours marcher sur un fil entre émotion et légèreté, assaisonné d'un humour délicieusement grinçant. J'aime aussi l'écouter parler, et en plus, elle est belle...quoi, serais-je amoureuse ??? ;) Sur le plan littéraire, je crois pouvoir affirmer que oui. Trêve de plaisanterie, il faut a-bso-lu-ment lire "Les petites reines", ta vie ne sera plus pareille après ça! Bisous ma chère!

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    2. C'est bien dit ;) J'avoue que lorsque je suis allée voir qui elle était, je me suis aussi dit "et en plus elle est super belle !", elle a tout pour elle, cette auteure :D
      Je compte lire "Les petites reines" dès que possible :)

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