mardi 27 novembre 2012

Sous le signe du Scorpion, de Maggie Stiefvater


Voici un livre que je n’aurais pas pensé avoir envie de lire, de prime abord. Une histoire de chevaux de mer carnivores, très peu pour moi ! Et puis sont venus les avis des copinautes : Plume de CajouL’ouvr’age, et finalement le coup de cœur d’Ephemère. Face à cet enthousiasme collectif de bloggueuses de confiance, j’ai retourné ma veste et me suis laissée tenter !

Résumé

Chaque année, sur l’île de Thisby, au mois de novembre, ont lieu les courses du Scorpion, lors desquelles s’affrontent des cavaliers montés sur des chevaux de mer carnivores, les « capall uisce ». Cette manifestation attire les touristes, permettant de faire vivre en partie cette île de pêcheurs. Sean Kendrick court tous les ans, il a déjà remporté quatre fois la course sur le dos de Corr, le cheval qui a tué son père et qu’il aime pourtant de tout son cœur. Quant à Puck Connolly, elle s’inscrit pour la première fois, espérant gagner de quoi survivre. Va-t-elle survivre aux entraînements et participer à la course ? Peut-elle gagner ?

Une île à l’atmosphère particulière

Il est assez difficile de parler de ce roman, assez particulier à mon sens. Il se distingue par son atmosphère, qui m’a beaucoup plu. Nous sommes sur une île, et l’auteur nous fait bien ressentir l’importance de l’océan pour les habitants, il est presque un personnage à part entière. Il apporte le danger en la personne des étalons de mer, qui sévissent à marée haute et pendant les tempêtes. La population de l’île vit au quotidien avec ce danger, avec la mort qui rôde au-dessus d’eux. Tous ont déjà perdu un proche, beaucoup sont partis chercher une vie meilleure sur le continent, et ceux qui restent ont une philosophie particulière. En tout cas, j’ai beaucoup aimé cette île et son atmosphère.

Les chevaux et la course

La majeure partie de l’intrigue se passe avant la course de chevaux, avec les inscriptions, les entraînements, les paris... Nous apprenons à connaître les deux personnages principaux, Sean et Puck, qui ont eu des vies très différentes. Nous appréhendons aussi leur relation avec leurs montures respectives (très différentes elles aussi), et j’ai trouvé cet aspect très intéressant, bien que je ne sois pas particulièrement passionnée de chevaux.

La course du Scorpion en elle-même n’occupe qu’une vingtaine de pages, mais elle est extrêmement intense, j’étais quasiment en apnée, prête à craquer. Quant à l’épilogue du livre, je l’ai trouvé très beau, mais j’ai été étonnée que les choses prennent cette tournure-là, je m’attendais à quelque chose de plus sombre. Du coup, je me surprend à être très légèrement déçue.

Les personnages

Les personnages sont un point fort de ce roman, tous deux sont attachants. Sean a gagné de l’argent grâce aux courses, et il pourrait s’en aller, changer de vie. Pourtant, il aime l’île, et plus que tout il aime son cheval, d’une manière très touchante. C’est un garçon méfiant et taciturne, mais on ne peut s’empêcher de l’apprécier. Quant à Puck, c’est une jeune fille au fort caractère, qui lutte pour survivre et qui tente de porter sa famille à bout de bras, alors que son grand frère éprouve des envies d’ailleurs. Courageuse, elle fait face à ses peurs pour se donner une chance d’améliorer ses conditions d’existence.

Leurs chevaux, Corr et Dove, sont également des personnages importants, et leurs cavaliers les aiment tellement que cet amour gagne aussi le lecteur !

L’écriture

L’écriture de Maggie Stiefvater est agréable, notamment en ce qui concerne les descriptions, qui donnent à ce roman son ambiance si particulière. C’est bien écrit, et bien traduit. L’auteure raconte l’histoire en adoptant alternativement le point de vue de Sean et celui de Puck, avec talent : chaque personnage a son identité et son caractère propre. Sa façon de décrire les chevaux et les courses montre également une certaine connaissance de ces animaux. Enfin, elle parvient à faire monter l’émotion tout au long du roman, et à me faire verser ma petite larme à la fin.

En quelques mots…

Ainsi, j’ai beaucoup aimé ce roman à l’ambiance particulière, qui fait la part belle aux chevaux et à l’océan. Les deux personnages sont attachants et leur histoire m’a intéressée. J’ai été envoûtée par l’atmosphère et l’île et émue par les mots de l’auteure. C’est une lecture que je vous conseille vivement, y compris si vous n’avez pas d’attrait particulier pour les chevaux.

Note : 4,5/5

Stellabloggeuse
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« Je la revois distinctement, debout sur le rocher près de Peg Gratton, à tenir tête à Eaton et aux autres membres du comité de la course. Je ne me souviens pas d’avoir jamais fait preuve d’autant de cran dans ma vie, et j’en ai honte. Puck me fascine et m’horripile tout à la fois : elle se dresse devant moi tels un miroir qui me renverrait mon image et une porte qui s’ouvrirait sur un ailleurs, et je sens alors en moi une part d’inconnu, comme quand la Déesse Jument m’a fixé dans les yeux. »

« L’eau est si froide que mes pieds s’engourdissent presque instantanément. J’étire les bras en croix, ferme les yeux et prête l’oreille au clapotis des vagues ; aux cris rauques des sternes et des guillemots sur les rochers, aux goélands qui s’interpellent d’une voix aiguë dans le ciel. Je sens l’odeur des algues et du poisson, et l’effluve voilé des oiseaux qui nichent sur la côte. Le sel recouvre mes lèvres et encroûte mes paupières, le froid assaille tout mon corps. Le sable sous mes pieds bouge, aspiré par la marée, mais je reste parfaitement immobile. Le soleil brûle rouge derrière mes paupières. L’océan ne m’ébranlera pas, et le froid ne m’atteindra pas. »

« -Désolée, ma mère disait toujours que j’étais sortie d’une bouteille de vinaigre plutôt que d’un utérus, et que mon père et elle me baignaient dans de l’eau sucrée pour compenser. J’essaie de me tenir bien, mais je retombe toujours dans le vinaigre.
Quand Papa était d’humeur fantasque, ce qui n’arrivait pas souvent, il racontait à nos invités que les lutins m’avaient laissée sur le seuil parce que je leur mordais trop souvent les doigts. »

6 commentaires:

  1. Sincèrement, je ne pensais pas avoir autant envie de le découvrir un jour, celui-là. Même si Arcaalea avait déjà bien commencé le travail, tu viens de l'achever : je veux lire ce livre. Surtout si c'est un tome unique. Rien que pour cela, cette historie mérite mon attention, je crois :D
    Et merci pour les extraits, toujours aussi jolis :)

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    1. Oui, Arca a été très convaincante, j'en suis la preuve vivante ;) Et oui c'est un tome unique, et franchement, c'est un super bouquin, une atmosphère vraiment particulière et des super personnages, qui changent de certains enfants gâtés capricieux ;)

      Et merci pour le compliment :)

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  2. Pffff rien que de relire les extraits que tu as choisi, je me retrouve à nouveau dans ce livre merveilleux !
    J'ai eu un énorme coup de coeur pour cette histoire, et pour le style de l'auteure. J'ai eu du mal à sortir du livre une fois l'avoir refermé. J'étais encore complètement dans l'ambiance et aux côtés des deux héros.
    C'était... magique et poétique :)
    Bisous ^^

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    1. Oui, ton avis était très convaincant, sois en certaine, tu fais partie de celle qui m'ont fait me dire "bon, il faut vraiment que je le lise !!" Et je n'ai absolument pas regretté, donc merci ! Une de mes meilleures lectures de l'année... Bisous !

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  3. Han j'ai confiance en toi mais non décidément je ne lirai pas ce livre :( L'île pourtant ne pourrait que m'attirer mais les animaux dans les livres, j'ai toujours peur pour eux... *-*

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    1. Et ils ne sont pas épargnés, les pauvres chevaux... Mais c'est superbe ;)

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