mardi 28 octobre 2014

Le magasin des suicides, de Jean Teulé : un roman original et décalé

[Julliard, 2007]

En 2012, j’avais découvert Jean Teulé avec « Le Montespan », un titre qui avait su me séduire par son audace. Depuis, j’avais envie de découvrir d’autres titres de l’auteur, une envie aujourd’hui concrétisée avec « Le magasin des suicides », qui est sans doute son titre le plus connu.

Résumé

A une époque où la Terre est ravagée par des catastrophes successives, le désespoir est de mise. Le commerce des Tuvache, entièrement dédié aux suicides, a donc le vent en poupe. Cette famille a érigé la dépression au rang d’art de vivre, et promet à ses clients une mort garantie ou remboursée. Et il y en a pour tous les goûts ! Tout ce petit monde tourne rond, jusqu’au jour où arrive Alan et sa dangereuse joie de vivre….

Un roman noir décalé

C’est un roman décalé plein d’humour noir que Jean Teulé nous offre ici, tournant en dérision l’acte de suicide. L’idée de base est surprenante, avec cet univers futuriste (encore plus) désenchanté, où la morosité est de mise, alimentée par les journaux télévisés. Les pluies acides et autres catastrophes ont privés l’humanité d’espoir. Aussi, privés de la possibilité de réussir leur vie, il devient important pour eux de réussir leur mort, d’où le succès des Tuvache.

Une fable optimiste

L’arrivée d’Alan remet tout cet univers en cause. Avec une autre attitude, plus optimiste, le garçonnet réenchante petit à petit le quotidien, à la manière d’une fable. Grâce à Alan, le lecteur verra toujours le verre à moitié plein ! Cela affecte tous ceux qui croisent sa route et bouleverse le quotidien de la famille de manière radicale. Mais tout ne peut pas être si simple, et le dénouement a su me surprendre, dans le bon sens du terme.

Les personnages

Le roman repose avant tout sur ses personnages très réussis. Les Tuvache forment une sorte de famille Adams revue et corrigée, avec le père qui gère le commerce de mort, la mère qui fabrique des potions mortelles, l’aîné artiste maudit et anorexique, la cadette complètement inconsciente de ses atouts…et le petit dernier, ce rayon de soleil avec son zozottement craquant ! Croyez-moi, vous n’oublierez pas les Tuvache de sitôt !

L’écriture

En ce qui concerne le style, il est incisif, mordant. Jean Teulé ne fait pas dans le politiquement correct ni dans le sentiment ! Il colle bien à l’univers qu’il a mis en place ici. J’ai apprécié cet humour grinçant et le second degré avec lequel il déroule son histoire.

En quelques mots…

Ainsi, j’ai passé un bon moment en compagnie de cette famille qui a fait de la mort un art de vivre, et qui se trouve tout à coup confrontée à l’optimisme. Si ce roman a des faux airs de fable, l’auteur a l’intelligence de nous proposer une fin surprenante. Vous pouvez sans crainte vous laisser tenter par ce petit ovni !

Note : 3,5/5
Stellabloggeuse
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« Lui voit la vie en rose, vous vous rendez compte ? Comme s’il y avait de quoi ! On ne sait pas comment ça se fait. Et pourtant, je vous assure qu’on l’a élevé comme les deux autres qui sont dépressifs comme il se doit, alors que lui ne remarque toujours que le bon côté des choses, soupire Lucrèce en levant au-dessus d’elle une voix tremblante d’indignation. On le force à regarder les infos à la télé pour tenter de le démoraliser mais si un avion transportant deux cent cinquante passagers s’écrase et qu’il y ait deux cent quarante-sept morts, lui ne retient que le nombre de rescapés ! »

4 commentaires:

  1. dans ma pal, il faut que je l'en sorte surtout qu'il ne devrait pas faire long fleu.

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  2. Ça fait un bout de temps que je l'ai lu maintenant, et j'avais beaucoup aimé l'histoire et l'humour très noir. Une chouette histoire bien mordante.

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    1. Oui, mordant c'est bien le mot :) J'ai l'impression que Teulé s'est bien amusé en écrivant, et ça se sent!

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