mardi 21 octobre 2014

Wild, de Cheryl Strayed : une randonnée pleine d’émotions

[Flammarion, 2013]

Quand il a été lu au sein du groupe de lecture de ma bibliothèque, « Wild » de Cheryl Strayed a fait l’unanimité. On disait ce récit de voyage, ou plutôt de randonnée, drôle et émouvant. Les lecteurs auxquels j’ai pu conseiller ce titre depuis ont tous eu la même réaction. Aussi, il était temps que je le découvre par moi-même, ce qui est chose faite grâce à Babelio et Masse Critique !

Résumé

En 1995, armée de ses 26 ans, d’une bonne paire de chaussures et d’un sac qui fait bien la moitié de son propre poids, Cheryl Strayed se lance sur le « Pacific Crest Trail », un chemin tout juste inauguré, pour une randonnée de 1700 kilomètres. La jeune femme voit cette marche comme un moyen d’affronter ses problèmes : la mort brutale de sa mère, son divorce tout frais, son expérience avec l’héroïne… Elle veut faire le point, méditer, remettre sa vie sur les rails. Mais très vite, elle ne peut penser qu’à ses douleurs physiques et aux conditions climatiques. Trouvera-t-elle en elle la force d’aller jusqu’au bout ?

Voyage et introspection

En racontant son périple plus de quinze ans après l’avoir effectué, Cheryl Strayed nous livre à la fois sa randonnée, du désert des Mojaves au Pont des dieux (à la frontière de l’Oregon et de l’Etat de Washington), mais aussi et surtout son voyage intérieur, son introspection. En effet, tout au long de son récit, elle nous livre aussi ses souvenirs, ses douleurs, un engrenage autodestructeur qui a commencé avec la perte de sa mère. Certains passages sont très émouvants, voire poignants, je pense notamment à celui avec la jument, Lady.

Les préoccupations physiques

Pourtant, la randonnée force aussi Cheryl à mettre ses démons à distance. En effet, sa préoccupation première devient la douleur physique, le chemin l’éprouve, d’autant plus qu’elle n’était pas préparée. Elle subit le poids de son sac, ses pieds couverts d’ampoules. Suivent de près la faim, la chaleur et le manque d’eau, ou à l’opposé le froid et la neige. La peur d’être une femme seule face aux animaux sauvages et aux hommes mal intentionnés. Les occasions de prendre une douche et de manger un bon repas sont rares, et l’argent vient vite à manquer. Mais quelques rencontres couplées à sa volonté de fer lui donnent le courage de mettre un pied devant l’autre.

Les paysages et les rencontres

Mais comme tout récit de voyage, celui-ci est aussi fait de paysages. En compagnie de Cheryl, nous traversons la Californie et l’Oregon, de la froide Sierra Nevada aux sommets volcaniques de l’Oregon, en passant par des forêts épaisses et des lacs d’altitude. Nous rencontrons aussi d’autres randonneurs, mais également des hôtes d’un soir qui nous montrent que l’humain peut être profondément gentil et désintéressé.

Une jeune femme attachante

On s’attache facilement à Cheryl, cette jeune femme maladroite qui a foncé tête baissée dans ce projet de randonnée avec un minimum de préparation. Ses « gaffes » apportent une petite touche de comique bienvenue à son récit. Elle est paradoxale, à la fois très forte, dotée d’une volonté à toute épreuve, mais aussi fragile, prête à se briser. J’ai pris beaucoup de plaisir à suivre son avancée et le cours de ses pensées.

L’écriture

Quant au style, je l’ai trouvé simple mais agréable. La lecture est fluide et la plume est suffisamment riche pour décrire tout le décor qui l’entoure, mais aussi la palette de ses émotions. Les descriptions, qui sont la clé de voûte de ce type de récit, sont réussies. Il y a également de la sincérité et de l’émotion, ainsi qu’une touche d’autodérision. On sent le bagage littéraire de Cheryl Strayed et son travail en atelier d’écriture, qui lui ont permis de bien raconter son histoire.

En quelques mots…

Ainsi, j’ai passé un moment très agréable en compagnie de cette jeune femme, à suivre ses pas de la Californie à l’Etat de Washington, mais aussi le cours de ses pensées et son combat contre ses démons. A ressentir avec elle la douleur physique, la peur, mais aussi la joie des rencontres inattendues et des témoignages de sympathie. C’est un récit vivant, parfois drôle et souvent émouvant, que l’on quitte à regrets.

Note : 4/5
Stellabloggeuse

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« Je m’étais imaginée méditant pendant des heures sur fond de coucher de soleil, le regard tourné vers des lacs cristallins. Je m’étais attendue à verser, jour après jour, des larmes de tristesse cathartique puis de joie réparatrice. Au lieu de ça, je me contentais de gémir, non pas à cause de mes tourments, mais parce que mes pieds, mon dos et les plaies de mes hanches me faisaient mal. Et en cette deuxième semaine sur le chemin, alors que le printemps était sur le point de céder officiellement la place à l’été, parce que j’avais tellement chaud que ma tête semblait sur le point d’exploser. »

« Mon rythme n’avait rien à voir avec celui des moyens de locomotion que l’on utilise normalement pour parcourir le monde. Les kilomètres ne défilaient pas. Ils formaient de longs méandres d’herbes folles, de mottes de terre, de brins d’herbes, de fleurs courbées par le vent, d’arbres tordus et grinçants. Ils étaient faits du son de ma respiration et de celui de mes pas sur le chemin, l’un après l’autre, accompagnés des cliquetis de mon bâton. Chacun d’eux devait être affronté avec humilité. »


« Je m’apprêtais à franchir une frontière. La Californie s’étendait derrière moi tel un long foulard de soie. Je ne me trouvais plus complètement nulle. Et je n’étais pas non plus une putain de guerrière amazone. Je me sentais simplement féroce, humble et concentrée sur moi-même, en sécurité dans ce monde. »

2 commentaires:

  1. Je suis plongée de dans et jusque là, je partage tout à fait ton billet ! <3 Je viendrai le relire une fois que j'aurais terminer ma lecture :)

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    1. Je suis très contente de voir que tu te régales avec ce titre, je te souhaite une bonne fin de lecture :) Gros bisous!

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