vendredi 20 novembre 2015

Le pays qui te ressemble, de Fabrice Colin : un road-trip déjanté, pas toujours crédible

[Albin Michel, 2015]

Si vous suivez un peu ce blog, vous savez que j’aime beaucoup ce que fait Fabrice Colin, tant chez les adultes (Arcadia, Ta mort sera la mienne) qu’en jeunesse (49 jours, Bal de givre à New York, Passeurs de morts). Je me suis donc réjouie de cette nouvelle parution chez Albin Michel !

Résumé

Jude et Lucy ont quinze ans et un père (Noël, et non, ce n’est pas une blague) qui est un fan absolu des Beatles. Depuis plusieurs mois, ils se débattent avec leur deuil, leur peine d’avoir perdu brutalement leur mère. Mais avant de mourir, cette dernière les a mis sur les traces de leur mère biologique. Avec leur grand-mère Maryline, ils entraînent leur père dans de vraies-fausses vacances, pour tenter de retrouver celle qui leur a donné la vie.

Un roman (trop) décalé

Ce roman est un road-trip déjanté, peut-être un peu trop à mon goût : je suis restée en dehors de l’histoire, sur le côté, la majeure partie du temps. En effet, surtout dans la première partie du voyage, les situations sont si rocambolesques que l’histoire perd sa crédibilité et sa profondeur. Par rapport au niveau de qualité auquel l’auteur nous a habitués, j’ai été un peu déçue, ce roman ne creuse pas vraiment le fond des choses.

Un thème intéressant

Pourtant, la base de l'histoire est grave et le thème du deuil traité d’une manière intéressante. On aborde aussi le mensonge, le non-dit. Le côté décalé apporte également une légèreté bienvenue. Aussi, je suis partagée, j’ai apprécié certains aspects du roman, mais j’ai parfois décroché quand l’excentricité était trop poussée pour moi. En tout cas, si vous recherchez un roman un peu loufoque et que vous aimez les Beatles, il est fait pour vous !

Les personnages

J’ai plutôt apprécié le personnage de Lucy qui essaie tant bien que mal d’affronter son deuil et de tirer de toutes ses forces sa famille vers la lumière, quitte à dissimuler sa propre tristesse derrière des mensonges. Ses réflexions sont sensées, même si elle ne prend pas toujours les bonnes décisions. On connait moins Jude, plus renfermé, plus secret, et surtout, nous n’adoptons jamais son point de vue. Quant à Noël et Maryline, ce sont de sacrés numéros, chacun dans son genre, et Noël a un côté assez touchant.

L’écriture

Quant à l’écriture, elle se fait plutôt légère, pour épouser le ton humoristique du roman. On est dans un style plutôt simple. Néanmoins, j’ai retrouvé régulièrement, et à mon grand plaisir, les belles tournures et les envolées de pensées qui sont pour moi la « patte » de Fabrice Colin et qui font que j’aime tant le lire

En quelques mots…

Ainsi, je suis partagée vis-à-vis de ce roman qui, pour moi, va un peu trop loin dans l’excentricité et perd ainsi en partie sa crédibilité. Néanmoins le thème du deuil est bien traité et l’aspect humoristique allège ce propos difficile. A lire en partie au second degré, si on a envie d’originalité et de folie ! A partir de 13 ans.
Merci à Babelio et l'opération Masse Critique pour cette lecture.

Note : 3/5

Stellabloggeuse
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« Au fil des mois, je suis devenue la femme de la maison. L’épouse irremplaçable, la fille perdue, la mère que je ne pouvais être.
Souvent, j’avais l’impression que tout, absolument tout, dépendait de ma petite personne. Le monde s’était réduit à un globe de pierre à hauteur d’homme et on m’avait obligée à le porter sur mon dos.
J’étais celle qui ouvrait les factures, les réglait, les rangeait dans le classeur. Celle qui distribuait les listes de courses. Celle qui consultait les horaires des musées et décidait ce que nous ferions le week-end. »

« Une fois, je me rappelle, je lui avais demandé pourquoi la plupart des personnages de romans pour la jeunesse étaient orphelins. James et la grosse pêche. La Quête d’Ewilan. A la croisée des mondes. Les larmes de l’assassin. […]
Papa avait relevé le nez du roman qu’il était en train de lire

-Etre orphelin c’est être libre. Tu te rends compte, si tu devais sauver le monde et rentrer à temps pour tes devoirs ? »

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